Seul contre tous - G. Noé - 1998
Synopsis : L'ennui et la soumission font des dégâts, laisse des traces, indélébiles.
Moral. L'intrigue du film peut se résumer avec cet unique mot. Jusqu'où un réalisateur peut aller pour dénoncer, provoquer ? Jusqu'où la provocation peut aller sans tomber dans le mauvais gout voire le fanatisme et la perversion de la chose, à la base, dénoncée. Il y a autant de réponse que d'avis sur les films de Noé. Il n'y a pas de "vérité" lorsque le cinéma -et plus particulièrement celui de Noé- touche à l'affect, au corps et à la filiation. Cependant une chose peut être dite en toute sincérité et objectivité : Seul contre tous nous remut les tripes. Par la forme, par le fond.
Les effets de caméra nous assome. Les ponctuations sonores ne nous laissent pas un temps de répit. La forme du film réunit l'ensemble des effets de style désuets que l'on retrouve dans les mauvaises séries B des années 90. Insupportable, oui, mais face à ce qui se joue devant nos yeux, les zooms incessants et autres tics sonores semblent à leur place. Ils existent car l'énergie du film les rend évident. Ils ponctuent le propos de Nahon. Ils le soulignent, le contredisent. Bref, ces effets contribuent au sens et à la tension émotionnelle du film. Les effets ne sont pas esthétiques mais présents par leur force à captiver, enfermer notre attention, dans un sens à l'assujettir au film ! Les titres, de la même façon, nous impose un angle, un point de vue, celui de Nahon -et non pas celui de Noé hein les copains cinéaste!- et permettent ainsi de confronter la fiction du discours (les monologues de Nahon) à notre propre reflexion (titre). On se pose des questions, on s'interroge ... Bref, ce film ne laisse personne indifférent et interpelle chacun sur ces propres certitudes. Ce film bourine les barrières de la bien-séance sans tact ni finesse mais avec brutalité et un certain humanisme au sens le plus strict, c'est à dire avec les armes propre à l'Homme : la parole, la foi, la vengeance. Adieu le cinéma de papa qui film sous les jupes, voici le cinéma d'un enfant névrosé qui film dans les jupes.
Les dialogues, monologues sont effroyables. Notamment la folie de la dernière scène est époustouflante. C'est tellement dingue et, de surcroit, bien réalisé que ce passage semble infini. Va-t-il s'arrêter de déblatérer ? On n'y croit plus. On est le souffle coupé, au abois, à attendre que Mr ait l'élégance et la gentillesse de se loger une balle dans la tête une bonne fois pour toute... Ou pas. Insoutenable.
Ce film est aussi immense. Lourd.
A voir avec un tasse de café, une mandarine, en pleine après-midi, bercé par la fraicheur du courant d'air qui balaie notre visage. Histoire d'alléger un peu.
2 commentaires:
J'attends toujours "le premier jour du reste de ta vie" "snatch" et "tomboy" :)
Ca arrive.
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