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dimanche 27 février 2011


Black Swan - D. Aronofsky - 2010

Synopsis : Une métamorphose, puis un suicide inconscient.

Clairement marketing, le succès de Black Swan est peut être révélateur du cinéma d'aujourd'hui : teasing et marketing impressionnant, des larmes, du sexe et du mélodrame, une photographie alléchante, une musique intense. 

L'ensemble de ses points sont caractéristiques de Black Swan : les à-coté sont bons, mais le fond s'avère être creux et vide. Aucune réelle émotion ne transpire des personnages.

En effet pour ce qui est des acteurs : tout le monde s'extasie devant l'énormissime prestation de Portman. Personnellement j'y vois que des larmes. Si savoir pleurer suffit à être une bonne actrice, je me plante tout de suite un bout de miroir brisé dans le ventre. Il est évident néanmoins que son rôle de danseuse frigide réduit de façon drastique les champs de son interprétation à son stricte minimum. Mais c'est justement là que la différence doit être faite. Malgré un rôle (parfois difficile) savoir y amener de la profondeur, de la nuance, et non pas réciter son texte avec une perfection théâtrale. Jouer une danseuse classique qui éprouve des grandes difficultés avec les mots "Joie", "Ensemble" ne veut pas dire ne pas y mettre du coeur, de l'envie. De la force. 

De plus, il me semble que la relation entre Portman et Cassel aurait méritée d'être plus appuyé. Non pas que je trouve le personnage de Cassel plus important que celui de Mila Kunis, qui d'ailleurs est la seule lueur d'espoir du film. Mais car de cette relation pouvait naitre un peu plus qu'un simple fantasme lesbien racoleur. Sans aucune justification. Seulement là pour assouvir un plaisir coupable des producteurs peut être. Bref, la force d'un Cassel qui contrasterait avec la douceur d'une Portman aurait pu faire décoller le film, sans jamais voler la vedette à Mila Kunis bien évidemment.

Mais la prestation de Portman n'est pas à mon avis la plus grande faiblesse du film. En effet l'ensemble est trop stylé, la photographie n'est que très peu réaliste (du bleu, du bleu, du bleu). Certes c'est jolie, mais cette façon quasi systématique maintenant d'esthétiser le cinéma me parait être un affreuse erreur. Surtout que cela me semble être avant tout un choix marketing plutôt qu'artistique.

On peut tout de même souligner le (relatif) risque pris par les producteurs et Darren A. quant au thème de son film : la danse classique. Le risque est à modéré lorsque l'on voit ce que Aronosfky donne à voir de la danse classique (préjugé, préjugé, préjugé). Les véritables danseuses devraient y voir un outrage à leur danse. Vraiment.

Le seul moment de véritablement réjouissement est lorsque les deux femmes sortent en boite. Le film prend vie, enfin.

Bref, malgré un certain rythme amené par le montage, la musique et la façon de filmer quasi-parfaite, le film s'avère être très peu réjouissant.

2 commentaires:

François G. a dit…

Justement, le film s'inspire et s'appuie de cet univers du ballet classique. On est très loin des préjugés et pleinement sur ce qui se cache quand le rideau de ces danseuses se ferme.

Sur la prestation de Portman, on ne s'extasie pas sur sa facilité à être froide, rigide, fragile et complètement coincée (bien que d'autres s'y sont essayés et se sont mangés les dents), mais c'est sur le double rôle et sa doublure maléfique que son jeu d'acteur époustoufle. On est pas dans la skyzo, ni même dans la double personnalité. Ça va bien au delà de ces thèmes trop souvent abordés. Portman incarne à merveille le sombre, l'inconnu, et l'ombre maléfique qui se dispute la scène, la danse.

Pour finir, sur la relation Cassel, Portman, je suis surtout rassuré qu'il ne soit pas allé au delà de ce qui est présent sur le film. Pour le coup, le metteur en scène qui se tape l'héroïne du film, ça fait un peu cliché ça non ?

Après, il reste que c'est un film qui ne survivra pas à sa première vision. Comme la majeur partie des films d'Aronofsky.

Romain Vauc a dit…

Le film s'inspire du ballet, ça oui. S'en inspire seulement. Aucune finesse. Si ce n'est peut être la forme du film bien travaillé (ajout de grain, photographie sublime, montage acéré).

Montrer des ongles (en gros gros plan), quand on pense à la difficulté de faire les pointes.
Montrer des traces de griffure lorsque le perso a des démangeaisons laissant apparaitre grossièrement la schizophrénie.
C'est ce que j'appelle être caricatural et dépourvu d'originalité, sans parler d'une inexistence finesse, propre peut être à Aronosfky dans le fond.